Ces profils qui font défaut à l’industrie

Malgré les destructions d’emplois toujours nombreuses en 2012, le secteur affiche de forts besoins en ingénieurs et techniciens qualifiés. Des compétences indispensables dans la course à l’innovation.

En France, le secteur industriel se fait davantage entendre pour ses plans de licenciements (94.000 postes ont encore été supprimés en France en 2012), que pour les contrats qu’il remporte. Pourtant, les industries agroalimentaire, chimique et de santé sont dynamiques ; les acteurs du ferroviaire, de l’énergie, de l’aéronautique recrutent. En 2012, près de 15.000 postes ont ainsi été pourvus dans l’aéronautique et 30% des nouvelles recrues étaient des jeunes diplômés, selon le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales). La 3e édition de la Semaine de l’industrie débute ce lundi et met un coup de projecteur sur un secteur qui, malgré de vrais points noirs, innove et embauche. Sur les dix années qui viennent, l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) estime toujours que les entreprises industrielles devront engager 80.000 à 100.000 personnes par an (ouvriers, techniciens, ingénieurs). Et alors que 30.000 nouveaux ingénieurs sont diplômés chaque année, il en faudrait 40.000 pour répondre aux besoins de réindustrialisation et d’innovation, s’alarme de son côté la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI).Cette année, Safran prévoit 7000 recrutements, dont 3000 en France et une majorité d’ingénieurs ; EDF annonce 6000 nouveaux collaborateurs, dont 1700 ingénieurs et ­cadres. Alstom France table sur 1200 embauches dont 700 ingénieurs et techniciens. Principale difficulté pour le groupe, la branche transport qui peine à recruter des ingénieurs spécialisés dans la ­signalisation. SGS, leader mondial de l’inspection, du contrôle et de la certification se heurte à de véritables pénuries de techniciens dans deux domaines: le contrôle technique automobile et le contrôle non destructif (inspection des structures de centrales nucléaires, d’avions…).

Pas assez d’ingénieurs diplômés
Les métiers de base, plasturgie, chaudronnerie, etc., connaissent d’énormes besoins en ouvriers spécialisés et en techniciens. «Parallèlement, on embauche chaque année quantité d’ingénieurs et de techniciens à des niveaux de compétence croissants pour répondre aux mutations technologiques. Véhicules hybrides, électriques, composite… ­impliquent des innovations constantes», souligne Eric Vivien, DRH Cetim (Centre technique des industries mécaniques) Ile-de-France.

Malgré la crise et l’érosion de l’emploi industriel, les grands groupes maintiennent donc les ­embauches de profils qualifiés. À l’Estaca, école d’ingénieurs spécialisée dans les transports, les partenariats se sont renforcés et les entreprises cherchent à rencontrer les étudiants le plus tôt possible, «y compris les entreprises dont la marque employeur est forte, car elles sont soumises à la pression de la concurrence», souligne la directrice de l’Estaca, Pascale Ribon. Systèmes embarqués ou mécatronique sont les spécialisations les plus recherchées. «Au point que nous avons du mal à recruter des jeunes pour des thèses», ajoute-t-elle.

À Grenoble INP, 90% des ingénieurs de la promotion 2011 étaient en activité ou en poursuite d’études six mois après la remise du diplôme et les chiffres devraient être équivalents cette année. Énergie et transports absorbent la majorité des ingénieurs.  De la R&D à la logistique supply chain, ils sont sollicités sur toute la chaîne», confie Catherine Chapeau, responsable espace emploi. Des secteurs de niche tirent aussi leur épingle du jeu. Pagora, une des écoles de Grenoble INP, est seule en Europe à former des ingénieurs papetiers qui n’ont pas de mal à se placer en France et à l’étranger.
Dans ce contexte, les PMI peinent à attirer. «Toutes n’ont pas su monter en gamme, elles ont besoin de talents expérimentés et de jeunes diplômés, déclare Olivier Midière, fondateur du magazine Reconquêtes industrielles.En outre, beaucoup de patrons de PMI vont devoir prendre leur retraite et passer la main.»

Création et reprise d’entreprises constituent un autre des enjeux majeurs dans la course à l’innovation. En France, 4% des ingénieurs seulement sont indépendants, ils sont 25% en Grande-Bretagne et 17% aux États-Unis. La première Journée nationale de l’ingénieur, qui a lieu ce lundi, met l’accent sur «l’ingénieur entrepreneur». Objectif: atteindre 8% d’ingénieurs entrepreneurs d’ici à 2020.

 Article publié le 18 Mars 2013 - lefigaro.fr - Christine Piédalu



29/03/2013
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