NEGOCIANT EN BOIS

 

Dernier article du Républicain Lorrain concernant les négociants en bois datant du 2 avril 2013:

"Frédérique L’Hôte fait le buzz avec sa photo. Un cliché montrant Madame le maire aux côtés d’un arbre à terre. Jusque-là rien d’exceptionnel. Sauf que cette grume n’est pas à laisser en pleine nature au vu et au su de n’importe quel bûcheron que sa tronçonneuse démangerait. Cet arbre-là va pouvoir faire les beaux jours du petit village de Mairy-Mainville, situé à deux pas de Briey. « Appartenant à un lot, il a fait grimper le prix de l’ensemble à 27 000 € », explique Didier Dante, technicien à l’Office national des forêts (ONF).

Des vagues sous la paume de la main

La forêt, c’est un peu la sève qui fait vivre le village, « unique rentrée d’argent, excepté l’impôt et les dotations. Et là, c’est une manne substantielle tombée du ciel pour Mairy », sourit Frédérique L’Hôte. Chaque année, l’ONF sonde la forêt communale et y effectue des coupes de régénération. Pas de miracle, les arbres abattus ont droit à une banale incinération dans une cheminée du Pays-Haut. Mais certains érables, très présents dans les forêts du Grand Est, sortent du lot, à l’image de celui de Mairy-Mainville culminant à 8 mètres et arborant 70 cm de circonférence. En entaillant l’écorce, le technicien de l’ONF a compris qu’il s’agissait d’un sycomore ondé, aux nervures régulières qui font des vagues sous la main. « Plus ces nervures sont rapprochées et régulières, plus l’arbre est rare , c’est un bois précieux , précise Didier Dante. Il présente cette marbrure qui, rabotée, sert à confectionner violons, violoncelles et contrebasses . »

Mais un sort encore plus élogieux est réservé à l’érable de Mairy-Mainville. Vendu par adjudication via les services de l’ONF, il s’est retrouvé entre les mains expertes de Jean Platat, négociant en bois à Dieue-sur-Meuse, et spécialisé en essences rares. « On va très vite, car le bois s’altère avec le soleil, sorte d’oxydation, pouvant entraîner une décoloration, met en garde Jean Platat. L’arbre a été ouvert en deux demi-ronds. Une trancheuse a levé des feuilles de 0,3 millimètre d’épaisseur. Ces feuilles seront ensuite plaquées sur des panneaux décoratifs. »

Luxe sans limite

À titre d’exemple, l’érable de Mairy-Mainville, ainsi traité, permet d’obtenir 2 000 m² de feuilles de bois précieux. « Comme un diamant, la taille est primordiale, c’est elle qui magnifie le produit… » Sitôt effeuillé, le meilleur de l’érable lorrain s’envolera vers les États-Unis, « vendu à une société pour garnir l’intérieur de trois jets privés, lâche Jean Platat. C’est exactement le produit recherché par mes clients. Ce sycomore est une bizarrerie de la nature, il présente des ondes variées et douces. »

Travaillant essentiellement à l’international, Jean Platat, dans le métier depuis trente ans, fait son miel des érables issus des plateaux calcaires de Lorraine et de Haute-Marne. Il a encore en tête ce sycomore conquis l’an dernier à un propriétaire privé, moyennant une rondelette compensation financière supérieure à 60 000 € ! « Un spécimen aux nervures marquées, torturées même. » Rien de surprenant que le client soit l’Arabie saoudite. Au négociant meusien de confesser : « Il ornera les plafonds d’une nouvelle mosquée édifiée à La Mecque. »

Olivier CHATY."



02/04/2013
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